L'avocat et le médiateur :

concurrents ou alliés ?

Auteur : Guillaume Coudray  |  Date : 18 nov 2018


La médiation, mode alternatif de règlement des conflits, infuse et prend de l’ampleur au sein de la société.

Librement initiée par les parties en conflit, la médiation conventionnelle se révèle en effet dans bien des situations une excellente alternative à la procédure judiciaire.

La médiation apparaît également de plus en plus comme un préalable au procès. C’est le cas par exemple en matière de droit de la famille (médiation préalable obligatoire) ou encore en matière de litiges entre les fonctionnaires et leur administration (expérimentation en cours dans certains tribunaux administratifs).

Comment la médiation est-elle accueillie par les avocats des parties en conflit ?

Quelle position adopter en tant que médiateur, vis à vis des avocats et de leurs clients ?

Avocat et médiateur sont-ils des concurrents ?


La médiation, nouvelle venue dans le paysage du droit

Le procès, les tribunaux, les juges, nous connaissons tous. Nul doute que les experts du droit et de la procédure sont bien les avocats, chargés de conseiller et défendre leurs clients. Ces derniers intègrent de plus en plus la médiation dans leur pratique, en se formant pour accompagner leurs clients dans la démarche auprès du médiateur.

La médiation, nouvelle venue dans le paysage du droit… mais qui est donc l’expert de la médiation ?

Un médiateur professionnel certifié, spécialiste de la relation et du dialogue. Il n’est ni juge, ni arbitre, ni conseil juridique. Sa posture et son code déontologique lui confèrent le rôle de « tiers indépendant, neutre et impartial ».

A chacun son domaine. A chacun son art.




Avocat et médiateur sont-ils des concurrents ?

Une question émerge cependant : avocat et médiateur sont-ils en concurrence ?

Y a-t-il pour l’avocat un risque de perte de parts de marché, face à l’émergence de la médiation et des médiateurs ? 

Il est vrai que les personnes susceptibles d’avoir recours au conseil d’un avocat semblent être les mêmes que celles intéressées par les services d’un médiateur professionnel.

Concurrents, je ne le crois pas…

Avocats et médiateurs peuvent, bien au contraire, parfaitement œuvrer de concert et vivre une coopération fructueuse avec une vision commune : celle de la solution la meilleure tant humainement que juridiquement. Et c’est bien là qu’une collaboration entre ces deux experts trouve un sens profond !

Le médiateur, qui par son expertise du champ relationnel et de la communication interpersonnelle permet un dialogue de qualité entre les personnes concernée par le conflit, n’est pas un expert du droit. Son rôle est bien, avant tout et surtout, de créer toutes les conditions pour que puisse s’exprimer le plus sereinement possible ce qui ne pouvait jusqu’alors être dit, entendu et accueilli par les acteurs en conflit et que la lumière soit faite sur les besoins véritables de chacun. Plus bénéfique encore que dans le cadre d'une procédure judiciaire, je remarque que la médiation trouve tout son sens au début de la démarche, par exemple pour préparer une séparation (que ce soit dans le champ familial, en entreprise ou entre associés). L’avocat apporte sa maîtrise juridique du dossier et s’assure de la « légalité » du protocole d’accord qui aura émergé de cet espace de discussion.

L’avocat, dont le rôle est de défendre au mieux les intérêts de son client, conserve ses missions clés de conseil et garde un rôle essentiel afin d’optimiser l’efficacité du processus de médiation que ce soit au stade de la préparation (définition des stratégies financières et autres, au regard notamment du prix d’une médiation ou de la durée d’un procès), de l’accompagnement du client dans le cadre de la rencontre de médiation (à la fois en plénière et en aparté) ou enfin lors de la rédaction du protocole d’accord, à faire homologuer si besoin par le juge.

Le médiateur, par sa posture spécifique de tiers extérieur à la situation, permet la compréhension des enjeux sous-jacents dans le conflit entre les parties, parfois de l’ordre de l’émotionnel et de l’irrationalité. Le médiateur devient pour les avocats en présence un collaborateur précieux, en raison de sa capacité à faire « accoucher » de la meilleure solution possible pour leurs clients respectifs.



Agir en conscience, paradigme de l’avocat et du médiateur

A bien y réfléchir, l’objectif affiché de protéger le client a tout intérêt à être associé à l’intention de préserver une qualité de relation entre les parties en conflit, y compris lorsqu’elles ne sont a priori plus en capacité de se parler, engagées dans une démarche de confrontation. En premier lieu pour une meilleure compréhension de ce qui se joue en arrière plan et faire émerger les véritables enjeux (accéder aux besoins cachés derrière les positions). En second lieu dans la perspective d’une issue plus rapide au conflit, psychologiquement moins éprouvante et financièrement avantageuse.

Dans ce contexte, on comprend que le médiateur ne doit pas négliger sa connaissance du cadre législatif et des procédures, sans pour autant prétendre devenir « l’expert en droit » qu’il n’est pas. De son coté, tout en préservant son expertise, l’avocat va devoir développer ses compétences pratiques nécessaires pour prescrire et agir en médiation avec efficacité, de manière à étoffer son offre de service.

Agir en conscience de l’intérêt véritable des personnes, paradigme de l’avocat et du médiateur, qui contribuent de concert à préserver la paix sociale.

Alors, pourquoi ne pas collaborer ?


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