L'homme sous l'uniforme

Samedi 9 septembre 2017, aux alentours de 11h, gare Saint-Jean… j’ai vu :

Une femme et sa fille, entrer à la hâte dans la rame Bordeaux-Paris

Cette même femme, venir me voir, déboussolée de ne pas trouver sa place dans le wagon

Réaliser avec stupeur que son train n’est pas à l’arrêt quai #1 mais juste de l’autre coté, quai #3

S’effondrer en apprenant que ce train est direct, alors qu’elle avait prévu de s’arrêter à Massy pour célébrer un mariage non loin de là

Décider aussitôt d’aller en parler au contrôleur, lui expliquer sa bévue, persuadée avoir lu “quai #1” sur le panneau d’affichage

Le contrôleur arriver nonchalamment et lui répondre sèchement “Ah oui madame, vous avez fait une grosse erreur !! Votre train se trouvait quai #3, c’est un OUIGO, une compagnie privée qui n’a rien à voir avec la SNCF. Je vais devoir vous facturer 2 billets…”

Cette dame, en larmes, sous les yeux de sa fille, tendre sa carte bancaire

Et cet homme, face à elle, la casquette vissée sur la tête, impassible, lui remettre sa facture de 200€


Comment, monsieur le contrôleur, ne pas faire preuve de compréhension envers cette femme, confuse et honnête dans son erreur, elle-même pénalisée de ne pas arriver à destination prévue ?

Cher frère, comment rester insensible à ce point ? L’uniforme ou l’humanité, faut-il vraiment choisir ?

 

Vous qui avez un emploi et qui voyagez à l’année sur le réseau ferroviaire pour des sommes modiques, réalisez-vous une seconde ce que peut représenter 200€ pour cette femme qui avait pris soin de réserver son billet “low-cost” plusieurs semaines à l’avance ?

Je vous souhaite, petit homme, de ne jamais vivre une telle situation…

 

Et je vous engage monsieur, le temps d’un instant, à sortir du confort de la toute puissance. A vous laisser guider par votre coeur et assumer ce que certains nomment “faiblesse”. Cette humaine fragilité que j’appelle quant à moi “richesse”. Pour faire enfin l’expérience de la force de la solidarité face à la vulnérabilité. Vous en sortirez nourri… et grandi.

 

Sans l’autre, je ne suis rien, je n’existe pas.

Rien ne nous protège. Pas même l’uniforme...


Guillaume Coudray


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