A quoi bon une médiation ?!!
Auteur : Guillaume Coudray | Date : 15 jan 2019
Temps de lecture estimé : 2 min
Il y a quelques mois, je rencontre pour la première fois cette femme, co-gérante d’une coopérative au bord de la rupture, qui me dit d'emblée : « il n’y a rien à faire, nous ne pourrons plus jamais collaborer… à quoi bon une médiation ? »
La démarche de médiation a été proposée aux co-gérants par les salariés de la coopérative, indirectement impactés par une situation qui n’est plus tenable : en souffrance, ces derniers n’en peuvent plus (démotivation, formation de clans, arrêts maladie, départs).
Je lui réponds : « Je vous sens découragée, fatiguée » (mon ressenti à ce moment là, au delà des mots qu’elle a pu prononcer…)
S’engage alors un exposé de ce qu’elle a vécu ces derniers mois, des difficultés traversées. J’oriente rapidement le dialogue vers ce qui la rend néanmoins vivante aujourd’hui : ses souhaits, ses désirs, sa motivation. Bref, ce qui est important pour ELLE.
Pour cette femme, comme pour le co-gérant que j’ai entre temps rencontré, la situation n’est plus supportable : relationnel fortement dégradé, méthodes de travail radicalement différentes, aspirations et stratégies divergentes : la séparation s’avère nécessaire.
« Lorsqu'on en a, nos discussions restent stériles. Je suis bloquée. Nous avons néanmoins besoin de nous mettre d'accord pour organiser notre séparation... »
Entrer dans une démarche de médiation n’implique pas nécessairement que les parties restent en lien en prenant leurs dispositions pour « aménager » leur relation et ainsi renouer la collaboration passée.
Tout conflit nous dit quelque chose de la relation… et de la situation.
Il n’est ni bon, ni mauvais en soi. Tout dépend de ce qu’on en fait...
Comment aborder les choses pour sortir d’une situation de blocage qui, si le conflit s’inscrit dans la durée, sera vécu comme une véritable souffrance et présentera inéluctablement un risque pour la santé mentale des protagonistes ?
Que nous dit le conflit dans le cas présent ??
D’un commun accord, nous proposons de mettre en place un « accompagnement à la séparation ». L’objectif : se séparer de manière à ce que cette transition soit vécue le plus sereinement possible par chacun des gérants et que le bien être des salariés de la coopérative soit préservé.
Le travail pour sortir du conflit serait guidé par les questions suivantes : Comment faire pour organiser la séparation ? Comment préserver ce qui a été construit ? Que pouvons-nous mutualiser ?
Ma mission de médiateur consistera dans un premier temps à aider chacun des gérants à clarifier ce qui est important pour lui (action amorcée lors des entretiens individuels préparatoires à la médiation), dans un second temps à consigner les sujets de désaccord pour structurer les échanges et dans un troisième temps, à jouer le rôle de « garant du cadre » d’une discussion rendue impossible sans la présence d’un tiers externe à la coopérative.
La médiation reste une stratégie : celle de l’ouverture du champ des possibles par le dialogue. Pour autant, dialogue ne rime pas nécessairement avec rabibochage ou réconciliation. Se faire accompagner dans une phase de séparation pour en sortir apaisé et grandi en est un bel exemple. La restauration de la communication entre les personnes, au moins le temps de la médiation, est pour cela nécessaire…
Et vous… penseriez-vous à vous faire accompagner pour « mieux vous séparer » ?
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